Je suis un technophobe repenti. Rédigeant beaucoup, j’ai commencé à m’intéresser à des solutions de traitement de texte plus évoluées que la machine à écrire dans les années 1980. Je visitai même, à cette époque, un magasin Mac : je me souviens de m’être retrouvé face à des enthousiastes au regard d’illuminés, apparemment convaincus d’avoir trouvé la voie. Je ne saurais plus dire si ce fut cela qui me fit reculer…
Je finis par acheter un ordinateur : un Amiga, que le vendeur me livra avec un mode d’emploi et l’assurance que tout serait très simple. Evidemment, il n’en fut rien. Pendant trois jours, appelant à la rescousse tout ce que mon entourage pouvait compter de personnes ayant quelque compétence dans le domaine, je m’escrimai à faire fonctionner la machine, réussissant finalement à imprimer deux lignes avec un mauvais espacement. La troisième nuit, j’eus des cauchemars et vis dans mes rêves des lignes défiler sur un écran. Je décidai illico de revendre l’Amiga tout juste acquis : une petite annonce m’amena un amateur, auquel je revendis l’appareil neuf avec quelques centaines de francs de pertes. Mais quel soulagement lorsque je vis la machine infernale quitter mon domicile ! Par coïncidence - c’était un jour d’août - un orage qui s’annonçait depuis des heures éclata au moment même où l’Amiga s’éloigna à jamais : le déluge purificateur et rafraîchissant confirma mon sentiment intérieur !
J’utilisai donc durant plusieurs années des systèmes de substitution (par exemple le traitement de texte WP-1 de Brother, qui parvenait à enregistrer des documents de quelques pages). Finalement, en 1992, des obligations professionnelles ne me laissèrent d’autre choix que d’utiliser un ordinateur : un PC, bien entendu, avec Word 4. Par chance, un non-informaticien me donna ma première initiation, ce qui me permit d’y comprendre quelque chose !
Je passai plusieurs heures à rédiger et mettre en forme la première page. Puis le temps passa et l’habitude d’utiliser l’ordinateur au quotidien s’imposa : d’abord au bureau, puis à mon domicile. En quelques années, comme des millions d’autres personnes, l’ordinateur a complètement modifié mes habitudes de travail. Je rédige aujourd’hui plus souvent directement sur écran qu’avec une plume sur du papier. L’ordinateur fait partie de ma vie, et plus encore avec le développement du courrier électronique et d’Internet. (Cela rend encore plus important, d’ailleurs, le choix judicieux d’un appareil.)
Je ne suis pas devenu un technicien, et les questions techniques continuent à me dépasser. En revanche, je pense être devenu un utilisateur averti : au cours des dernières années, je ne me suis pas contenté des fonctions de base offertes par l’ordinateur, mais j’ai installé sur mon PC de nombreux petits logiciels pour remplir différentes fonctions, j’ai créé et tenu à jour des sites web - je ne pourrais plus imaginer de travailler sans un ordinateur, avec toutes les facilités qu’il offre et auxquelles on ne pense même plus (ah, quelle merveille que de pouvoir déplacer du texte sans peine ou insérer des notes en bas de page automatiquement, quand on se souvient d’avoir travaillé durant des années sans ces outils!).
Jusqu’en l’an 2003, je ne pensais guère que j’abandonnerais un jour l’univers du PC : en dehors de quelques amis adeptes convaincus du Mac, la plupart des personnes que je consultais ne me suggéraient même pas d’envisager cette éventualité.
Et pourtant…
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