Depuis cette année, les usagers du Mac ont accès à un nouveau traitement de texte : Pages. Malgré quelques problèmes de jeunesse, celui-ci réserve d’agréables surprises.
A vrai dire, la suite iWork ’05 dévoilée par Apple cet hiver comprend deux éléments : Pages 1 et Keynote 2.
Pour ceux d’entre vous qui sont - très provisoirement - encore sur PC, Keynote est l’équivalent de PowerPoint, pour vous permettre de faire des présentations sur écran - je signale d’ailleurs au passage que PowerPoint est également disponible pour Mac, dans la suite Microsoft Office pour Mac.
Je ne parlerai cependant pas ici de Keynote, car je n’en ai encore qu’une expérience très limitée. Cela ne m’empêche pas de vous le recommander sans hésitation : j’en possédais la version 1 et, lorsqu’il m’a fallu l’an dernier préparer une présentation, j’ai réussi - quasiment sans consulter le manuel - à mettre au point en peu d’heures une série élégante de pages pour ma présentation (exportable en PDF ou en PowerPoint, d’ailleurs). La version 2 étant encore meilleure, je me réjouis d’avance de l’utiliser. Je recommande à ceux qui souhaitent en faire un usage professionnel d’acheter, outre les thèmes livrés d’office, quelques thèmes supplémentaires, qui enrichiront vos possibilités pour préparer des présentations élégantes.
Mais venons-en donc à Pages. Quand j’ai ouvert Pages pour la première fois, il y a trois ou quatre semaines, ma première impression a été de ne pas vraiment me trouver face à un traitement de texte. Certes, les outils de traitement de texte sont là : mais j’ai eu le sentiment de découvrir un logiciel de mise en page. Il faut dire que le mode d’emploi même fourni par Apple avec Pages donne un peu cette impression, au premier abord.
Un utilisateur fervent du Mac m’ayant assuré cependant qu’il en avait fait son traitement de texte par défaut, j’ai décidé d’aller y voir de plus près. Et j’ai alors commencé à comprendre le choix de cet utilisateur.
Pages offre en effet d’importantes possibilités de traitement de texte. Pas aussi développées que Word, mais largement suffisantes pour la plupart des utilisateurs. Surtout, Pages se présente de façon très agréable. je l’avais dit au sujet d’un autre traitement de texte, ce qui importe pour l’utilisateur est de n’être pas distrait pendant son travail, de pouvoir se concentrer sur le texte. Pages possède ces qualités : l’interface est plaisante, sans lourdeur, sans encombrement inutile. L’affichage (optionnel) des règles et limites de pages est un modèle du genre.
Par rapport à AppleWorks, c’est un pas de géant pour le traitement de texte, mais je ne sais pas jusqu’à quel point on peut vraiment comparer les deux : Pages est autre chose qu’un traitement de texte classique. Et quand on commence à l’utiliser, il est vivement recommandé de prendre d’abord un peu de temps pour l’explorer : son contenu est plus complexe qu’AppleWorks et l’on ne saurait parler ici d’une totale intuitivité. La première fois que vous utiliserez Pages, donnez-vous une heure, manuel devant vous (un petit manuel, complet, mais pas rébarbatif et pas trop épais, est en effet fourni avec le disque d’installation). Cela vous épargnera de passer du temps à chercher certaines fonctions, qui se trouvent bien là, mais peut-être pas où vous les attendiez : chaque section de l’inspecteur de Pages (la petite fenêtre flottante à partir de laquelle vous déterminerez une série de fonctions et dispositions) contient plusieurs subdivisions. Après trois semaines, je n’ai pas encore le réflexe d’aller chercher certaines choses là où elles se trouvent. Si vous voulez un traitement de texte très simple pour la correspondance, AppleWorks peut rester une solution, ou Mariner Write pour une solution un peu plus évoluée et plus agréable - je vous renvoie aux commentaires que j’avais mis en ligne en janvier 2005 sur différents traitements de texte.
Pages vous permettra de traiter votre courrier sans peine, en créant de plus très aisément des modèles personnels (papier à en-tête) pour cela. Je rédige maintenant une grande partie de ma correspondance avec Pages. Pages vous aidera aussi à mettre au point sans trop de difficultés des bulletins d’association ou circulaires, par exemple.
Je trouve Pages un peu maigre pour les préférences par défaut. Par exemple, j’aime par défaut éviter la césure automatique des mots en fin de ligne, et la choisir optionnellement pour des documents ou des cas particuliers. Bizarrement, Pages n’accepte pas d’enregistrer ce fonctionnement par défaut, ce qui m’oblige à choisir « Supprimer la césure du paragraphe » manuellement chaque fois que je crée un nouveau document.
Autre petit défaut (péché de jeunesse?): j’aime avoir dans la barre d’outils une imprimante, afin de pouvoir imprimer directement un exemplaire d’un document, sans passer par le dialogue d’impression. Pages permet bien d’ajouter une imprimante dans la barre d’outils… mais cette imprimante reste ensuite en grisé, elle ne réagit pas si on clique dessus. Enfin, puisqu’elle est là, j’ai bon espoir qu’elle deviendra active dans une prochaine mise à jour, puisque Pages a déjà connu une première mise à jour en mars (1.0.1).
Ce qui m’a beaucoup impressionné avec Pages (avec un bémol cependant, voir plus loin) est son excellente importation de et exportation vers Word - puisque, reconnaissons-le, c’est quand même le standard le plus répandu en matière de traitement de texte.
Les documents Word peuvent être importés sans le moindre problème vers Pages : je n’ai constaté aucun défaut. La qualité de l’importation est de loin supérieure à Nisus ou à Mariner Write (sans même parler de Mellel, dont l’importation n’a jamais été la qualité première). Et la conversion est très rapide. Vraiment une réussite !
L’exportation vers Word se passe bien aussi, et me semblait même impeccable, jusqu’à la semaine dernière. J’ai constaté un problème (que j’ai aussitôt signalé à Apple) dans les textes ayant des notes infrapaginales.
Après avoir écrit un texte de 20 pages muni d’une cinquantaine de notes infrapaginales, puis l’avoir exporté vers Word pour le partager avec des collègues qui n’ont pas la chance de travailler sur Mac, j’ai constaté une anomalie dans les correspondances entre les notes et le contenu de la page. Je suis allé y voir de plus près. J’ai alors découvert un problème d’exportation des notes : toutes les notes étaient certes là, mais, parfois, deux notes renvoyaient au même appel de note : les notes 3 et 4 renvoyaient toutes deux à l’appel de note 3, et cela se reproduisait à plusieurs reprises au fil du texte. Non seulement certains appels de notes se retrouvaient-ils ainsi « orphelins », mais cela conduisait aussi progressivement à une non correspondance entre le contenu de la page et celui des notes en bas de page. J’ai été contraint d’exporter finalement mon texte en PDF afin d’avoir une version utilisable par mes correspondants. J’espère qu’Apple lit les courriers qui lui sont adressés et que ce problème sera donc résolu dans un avenir pas trop lointain, mais il importait de signaler à mes lecteurs ce défaut : tant qu’il ne sera pas résolu, hors de question d’utiliser Pages pour des textes devant être partagés avec des utilisateurs Word et contenant des notes en bas de page !
En dehors de ce problème et de quelques insuffisances - dont celles mentionnées ci-dessus - je trouve que Pages est un excellent traitement de texte et que, pour certaines tâches, il peut déjà concurrencer Word. Ce dernier continue cependant à s’imposer pour l’instant pour un usage professionnel ou universitaire (le problème des notes en cas d’exportation vers Word!). Il n’est pas exclu, cependant, que de futures versions permettent d’envisager un usage exclusif de Pages, sans besoin de le compléter par Word, alors qu’AppleWorks n’ouvrait certes pas de telles perspectives.
Je continue d’utiliser Word et Mellel (qui a maintenant une nouvelle version, 1.9), à côté de Pages. J’utilise en revanche beaucoup moins Mariner Write et quasiment plus Nisus. Mais ce n’est là que mon expérience : d’autres utilisateurs auront sans doute d’autres préférences.
A la suite de mon billet sur les traitements de texte, un lecteur m’a écrit pour me dire son enthousiasme pour NeoOffice, une « suite complète d’applications de bureautique pour Mac OS X », qui serait parfaitement compatible avec Microsoft Office. Ce lecteur m’assure en être très satisfait et n’avoir aucun problème avec NeoOffice. Je le signale volontiers, mais sans être en mesure de donner un avis personnel, puisque je ne l’ai pas testé et n’ai pas l’intention de le faire : j’ai suffisamment de traitements de texte sur mon Mac. Comme je l’ai déjà souligné, ce site n’est ni un site général sur le Mac ni un site de tests : il est simplement destiné à partager les expériences et découvertes d’un utilisateur, de façon parfaitement subjective, mais - j’espère - honnête. Cela dit, j’apprécie les communications et encouragements de lecteurs attentifs et leur suis reconnaissant de me rendre attentif à des logiciels utiles auquels je n’ai pas prêté attention. C’est dans cet esprit que je signale ici NeoOffice, dont l’apparence extérieure rappelle fortement Word, d’après les copies d’écran que l’on peut voir sur le site de ce logiciel libre et gratuit.
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