Au fil de mes explorations en quinze ans d’usage du Mac, j’ai été séduit par bon nombre d’applications, dont quelques-unes présentées sur ce site. Certaines ont disparu, d’autres me rendent toujours service — ou n’ont, au contraire, jamais été vraiment utiles après l’attrait initial. Nombre d’entre elles connaissent périodiquement des mises à jour majeures, qui incitent les utilisateurs à acheter les upgrades à un prix préférentiel. Cela finit quand même par représenter un budget cumulé non négligeable pour qui utilise un large choix d’applications.
Si je commençais aujourd’hui à utiliser un Mac, je me laisserais tenter par le concept de Setapp. Ce service ukrainien (à l’origine duquel se trouve MacPaw) vous propose une panoplie d’applications pour un prix mensuel unique raisonnable : au lieu d’acheter des applications, vous vous abonnez à une petite bibliothèque d’applications dans laquelle vous puisez à votre gré.
C’est vrai que le concept d’abonnement pour des services ou logiciels est actuellement en vogue. Certains utilisateurs s’interrogent sur la pertinence de ce concept, du point de vue du payeur. En 2016, dans un article intitulé « Un abonnement, ça va, dix abonnements… Vraiment ? », François Cuneo avait posé de pertinentes questions critiques. Je dois dire que je me suis refusé à acheter Office 365, car j’avais le désagréable sentiment de devenir captif, et que je me suis finalement décidé à faire la mise à jour de Word avec une licence classique.
Quand j’ai découvert Setapp, l’automne dernier, j’ai décidé de tester ce service, ce qui est possible facilement, grâce à l’offre confortable d’un mois d’essai gratuit.
En s’inscrivant sur Setapp, l’utilisateur a accès à plusieurs dizaines d’applications qui couvrent une bonne partie des besoins courants. Vous installez Setapp sur votre Mac. Cela crée un dossier spécifique, dans lequel résideront les applications que vous déciderez d’utiliser ou d’essayer. Ces différentes applications sont également accessibles à partir d’un menu dans la barre supérieure de l’écran. Vous n’installez pas toutes ces applications, mais seulement celles dont vous avez besoin. Si vous en possédez déjà une, aucun problème : vous pouvez l’installer une seconde fois, puisqu’elle se trouve dans un dossier séparé, et choisir d’utiliser votre licence personnelle ou la version accessible dans votre abonnement Setapp.
C’est simple, efficace et tout fonctionne. Non seulement vous avez accès de façon illimitée aux applications que vous souhaitez parmi la sélection proposée par Setapp, mais vous bénéficiez aussi des mises à jour au fur et à mesure qu’elles deviennent disponibles. Pendant ma période d’essai, il y en a eu quelques-unes pour des applications que je testais : la mise à jour était effectuée dans les heures suivant la sortie de la nouvelle version. Une application peut être désinstallée comme n’importe quelle autre sur votre Mac. Je n’ai pas rencontré le moindre problème technique causé par Setapp.
Les choix des applications — dont le nombre a déjà dépassé la barre des 100 — relève de critères propres à l’équipe de Setapp, qui se livre à une réelle sélection et n’accepte pas n’importe quoi, mais aussi de la disponibilité des développeurs à l’origine de ces applications. J’ai lu des échos de certains d’entre eux : pour l’instant, ils se disent satisfaits et ont le sentiment que Setapp leur ouvre une source de revenus supplémentaires plutôt que de diminuer leurs rentrées, notamment en leur permettant d’élargir leur base d’utilisateurs, comme l’a expliqué Dan Counsell (fondateur de Realmac Software, le développeur de RapidWeaver et de Squash). Les développeurs sont rémunérés au prorata de l’utilisation de leurs applications sur Setapp.
Bien entendu, les développeurs qui participent sont libres de poursuivre l’aventure Setapp ou d’y renoncer : s’ils se retirent, les utilisateurs de Setapp continueront d’avoir accès à leurs applications, mais plus aux mises à jour. Les développeurs participants raisonneront en termes de revenus, mais aussi d’image : on peut donc penser qu’ils ne se retireront que s’ils ont de sérieuses raisons de le faire, ou des conflits d’intérêt. Tout dépendra de la croissance de Setapp et de sa capacité à se pérenniser
Le concept de Setapp aurait déjà convaincu plus de 12.000 utilisateurs payants, tandis que beaucoup plus ont testé Setapp comme moi. À la fin de votre période d’essai, ou si vous renoncez à votre abonnement, les applications accessibles dans votre dossier Setapp cessent d’être utilisables : il faut donc soit y renoncer, soit se décider à acheter une licence personnelle pour ces applications.
Au prix actuel d’abonnement de US $ 9,99 par mois (hors taxes), l’offre de Setapp est réellement attrayante. Certes, toutes les applications ne sont pas celles que je choisirais (par exemple, après quelques expériences mitigées, je ne suis pas un enthousiaste des applications d’Eltima): mais rien ne force à les installer et utiliser toutes, et beaucoup sont bonnes, voire très bonnes. Plusieurs de celles que j’ai testées se sont révélées meilleures que de petites applications que j’ai installées sur mon Mac pour le même usage. L’application météo Forecast Bar, que je ne connaissais pas, m’a séduit, pour ne citer que cet exemple.
Alors, pourquoi ne pas m’être décidé pour un abonnement à Setapp à la fin de ma période d’essai ? D’abord, parce que j’ai déjà bien assez d’applications sur mon ordinateur : aucune de celle que me proposait Setapp ne correspondait à un réel besoin pas encore couvert par une autre application. J’ai regardé attentivement lesquelles de mes applications demandaient des upgrades : si j’avais eu durant ma période d’essai une application exigeant une mise à jour majeure au prix de $ 30 ou plus et se trouvant dans le répertoire de Setapp, cela m’aurait probablement décidé à m’abonner, au regard de l’économie réalisée.
Setapp n’est pas la solution idéale pour tout le monde : dans le cas de certaines applications, des raisons de compatibilité avec d’anciens fichiers m’ont conduit à conserver plusieurs versions, ce qu’un abonnement à Setapp ne permettrait pas. Néanmoins, pour la plupart des usages et des utilisateurs, Setapp représente dans sa configuration actuelle une option attrayante et avantageuse. C’est une solution que je recommande à de nouveaux utilisateurs du Mac : cela permet de se familiariser avec différentes applications, quitte à en acquérir certaines par la suite, après expérience, en conservant ou non un abonnement à Setapp. Parmi les systèmes d’abonnement qui se multiplient aujourd’hui, le concept Setapp me semble compter parmi les plus intéressants. L’avenir montrera si cette impression initiale se confirmera, après un an d’existence grand public de ce service.
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